Syndicat CGT des Livreurs Ubérisés Toulousains
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Les conditions hivernales, (froit, humidité, ...), sont également éprouvantes pour des travailleurs qui n'ont pas de local ou se réchauffer

PSE chez Just Eat : de l'art de filer à l'anglaise

Danseur anglais Top Hat

La délégation CGT au CSE de la filiale logistique de Just Eat France n'a pas ménagé ses efforts tout au long de l'été pour défendre les intérêts des salariés.

Aujourd'hui une mise au point s'impose car la direction, acculée dans ses retranchements, en est à accuser les représentants du personnel de desservir les intérêts des salariés.

Les licenciements économiques :

Vouloir faire des licenciements économiques est une chose ; le faire dans les règles en est une autre.

Pour pouvoir licencier des gens – plus de 350 – pour motif économique, il faut... un motif économique. C'est le rôle de la direction que de donner aux représentants du personnel des chiffres concrets permettant d'apprécier la réalité des difficultés.

Les chiffres en France :

A ce jour, la direction campe sur ses positions et refuse de donner aux représentants du personnel des données aussi basiques que le nombre de commandes traitées par ville ! Sous prétexte que les données pourraient fuiter, les représentants du personnel devraient se satisfaire de diagrammes qui indiquent qu'entre janvier et juin, le nombre de commandes baissent : la belle affaire !

Étant donné que les représentants du personnel se voient refuser ces éléments par la direction, bien évidemment ils refusent de signer un chèque en blanc et de valider des licenciements économiques.

La situation française exhaustive :

Takeaway Express France SAS n'a qu'un seul client : Eat On Line SAS, la filiale commerciale de Just Eat France. C'est Eat On Line qui facture les restaurants, les clients finaux, et empoche l'argent avant de le rapatrier auprès de Just Eat Holding Limited, chez Sa Majesté la Reine d'Angleterre.

Takeaway Express France et les coursiers qui génèrent la valeur ajoutée sur le terrain n'ont aucun contrat direct avec les restaurants ni avec les clients.

Pour avoir un aperçu de la situation concrète en France, il nous faut donc apprécier la situation au regard des chiffres de Takeaway Express France mais aussi de Eat On Line. La direction expliquait d'ailleurs en 2021 que c'est grâce à l'argent dégagé par Eat On Line qu'elle peut financer des salariés sur une activité logistique :

Meleyne Rabot« Ce modèle [du salariat] vise à sécuriser et professionnaliser le métier de livreur. Nous souhaitons maîtriser toute la chaîne, de la commande jusqu'à sa remise, pour nous assurer de la qualité du service mais surtout de la sécurisation du travail de nos livreurs qui bénéficient de tous les avantages du salariat en France. Ce n'est pas un nouveau modèle dans le groupe, il existe depuis cinq ans et s'est d'abord déployé aux Pays-Bas. Il est présent aujourd'hui dans 12 pays, 140 villes, et emploie 22 000 livreurs en Europe. Nous souhaitons recruter 4 500 livreurs en France d'ici la fin de l'année, dont 1 400 sont déjà embauchés. Les bénéfices dégagés sur l'activité de marketplace permettent de financer la livraison par des collaborateurs salariés. »
Meleyne Rabot, Directrice Just Eat France,
Audition au Sénat, le 8 avril 2021

Là aussi, la direction refuse de communiquer les chiffres.

La situation du groupe :

Pour qu'un plan social soit justifié, il faut aussi qu'à l'échelle du groupe, il n'y ait pas les moyens de fonctionner et d'investir pour sauvegarder des emplois. Quand bien même le principe d'un plan social est nécessaire, les conditions de départ des salariés sont déterminées au regard de la richesse et des moyens du groupe à l'étranger : les conditions de départ doivent être les meilleures possibles avec le plus de chance de retrouver un emploi par la suite.

Sur cet élément aussi, la direction fournit des graphiques sans chiffre en valeur absolue, et présente la situation comme catastrophique alors même que son grand patron, Jitse Groen, déclare :

Jitse Groen« Après une période de croissance exceptionnelle, Just Eat Takeaway est désormais deux fois plus gros qu’avant la pandémie. Bien que cette croissance ait nécessité des investissements significatifs, nous avons continué à nous concentrer sur la mise en œuvre de notre stratégie de construction et d’exploitation afin d’exercer un modèle de livraison de nourriture hautement rentable. Nos trois principaux segments, représentants 90 % de notre valeur transactionnelle brute, ont eu un EBITDA ajusté positif au second trimestre de 2022. Notre cheminement vers la profitabilité accélère et nous espérons continuer à augmenter notre EBITDA ajusté sur la seconde moitié de l’année afin de parvenir à un EBITDA positif au niveau du groupe en 2023. »
Jitse Groen, CEO, le 3 août 2022

Ce ne sont donc pas les syndicats qui bloquent : c'est la direction, par ses manœuvres dilatoires, ses obstructions, qui cherche à mettre un pistolet sur la tempe des représentants du personnel pour les forcer à valider des licenciements avec 3 cacahuètes d'indemnités.

Nous ne sommes pas d'accord, et nous le faisons savoir.

Just Eat en France a menti sur le matériel, sur les locaux, sur les conditions de travail, sur le périmètre du plan social, sur leurs intentions ; aujourd'hui, fidèles à leur habitude, ils comptent nous embobiner une fois de plus et supprimer nos emplois pour nous remplacer par des auto-entrepreneurs, travailleurs ubérisés.

La direction du groupe vous explique qu'il n'y a plus un rond : ils ont dépensé 7 milliards d'euros pour acheter Grub Hub (filiale aux États-Unis), viennent de revendre la filiale brésilienne (iFood) pour 2 milliards, et ont claqué 15 millions d'euros en voyages au ski.

Ne croyez pas ce que vous disent vos managers.

Ne croyez pas ce que vous dit la hiérarchie.

Faites confiance à vos représentants pour sauvegarder les emplois. Si et seulement si il n'y a pas d'autre solution, battez-vous pour obtenir les meilleurs conditions de départ possibles, mais pas pour devenir micro-entrepreneurs.

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