Syndicat CGT des Livreurs Ubérisés Toulousains
Crédits : Pablo Cordero - pexels.com
Les conditions hivernales, (froit, humidité, ...), sont également éprouvantes pour des travailleurs qui n'ont pas de local ou se réchauffer

Directive européenne sur les travailleurs des plateformes : Macron impose sa nuisance à l’échelle européenne

Flyer Parlement européen du 21 février 2024

Lorsqu’en 2016, les conservateurs anglais bon teint d’Eton et d’Oxbridge se sont pris les pieds dans le tapis de leurs propres mesquineries, plus d’un se sont pris à rêver qu’une fois ce ramassis d’escrocs foutus à la porte, l’Europe pourrait aller de l’avant vers moins de dumping fiscal et social, plus de progressisme et un nivellement par le haut des conditions de travail.

Ce que nous n’avions pas prévu, c’était leurs petits camarades planqués en embuscade :

cette clique d’énarchistes cooptés, patentés, autosatisfaits et méprisants, avec à sa tête son grand prêtre tour à tour inspecteur des finances, banquier d’affaires, secrétaire général d’une présidence disait-on socialiste et « ennemie de la finance », ministre de l’économie, et enfin surtout, VRP d’Uber et de ses copains.

C’est pas moi c’est Bruxelles

Ceux-là même qui répétaient depuis des décennies que les réformes néolibérales sont « imposées par Bruxelles », son « marché unique », grande œuvre de la Baronne Thatcher qu’on accusait de tirer les ficelles et d’imposer aux européens un vaste espace de concurrence fiscale et sociale, ouvert aux quatre vents de la mondialisation, sacrifiant les plus humbles pour la basse satisfaction des appétits de la perfide City et du mercantilisme teutonique.

Plus dangereux par leur fanatisme et leurs affections patronales que par leur intellect, ces Rambo œconomicus ne sont plus des obstacles mais de véritables ennemis de l’intérieur qui sont aux manettes et œuvrent, main dans la main, avec le patronat façon start up nation, pour liquider ce qu’il reste du salariat et des protections qu’il apportait naguère.

Il faut dire qu’après quasiment 7 années, le bilan du macronisme force l’admiration par sa constance à mettre en pièce tout ce à quoi il touche : protections des travailleurs, renversement de la hiérarchie des normes, plafonnement d’indemnisation des licenciements injustifiés, réduction des instances représentatives du personnel, réformes des prud’hommes, avènement du workfare et du travail obligatoire pour les indigents, crise du logement, nombre record de sans abris, Restos du Cœur au bord de l’asphyxie, ponctions sur les APL, lois anti squats, prison pour les retards de paiement du loyer, violences policières, réduction à néant des libertés publiques, loi sécurité globale, attaques contre la liberté d’expression, … Le « En Même Temps » s’est avéré être un vaste braconnage, ratissant large, des poubelles de la « nouvelle gauche » à la vieille droite cramoisie, pour constituer un vaste cénacle de start uppers vaniteux ou l’arrogance le dispute à l’incompétence.

Pour une révolution bourgeoise néo-conservatrice, une guerre des classes à l'envers ou les sempiternels planqués qui pensent encore passer entre les gouttes du tsunami qui vient se crispent et piétinent les plus précaires, espérant réchapper au même sort.

Toucher le fond ne suffit pas : ils creusent

« Si c’était à refaire, je le referais »
déclarait le même Macron au sujet des Uber Files.

Connivences, réseaux d’influences : pas touche à Uber

Alors que les jurisprudences convergent vers des requalifications des travailleurs indépendants en salariés, on instaure de toutes pièces une interdiction des requalifications, (censurée car non constitutionnelle, au grand malheur des lobbystes de Deliveroo). Alors que le faux statut d’indépendant des chauffeurs Uber est dénoncé, on ordonne à l’inspection du travail de ne rien faire. Lorsque celle-ci est contrainte d’agir par le tribunal administratif de Paris, le gouvernement fait appel du jugement, retardant d’au moins 2 ans les opérations de contrôle. Et lorsque les conditions de travail des travailleurs des plateformes sont tellement inacceptables que même l’Union européenne songe à intervenir, on bloque le processus.

Désormais, la France est tellement à la traîne en matière de protection sociale, puisqu’il n’est pas une seule réforme qui ne vise à les détruire toujours davantage, que c’est par l’entremise de l’Europe que devait venir le salut des travailleurs des plateformes.

Le même Macron qui fustigeait les pouvoirs autocratiques a ainsi, dès décembre, fait alliance avec les grands esprits tels Orbán (Hongrie), Meloni (Italie), pour constituer une minorité de blocage avec la complicité passive d’un gouvernement de coalition allemand qui préfère s’abstenir.

Pendant que l’ubérisation s’étend comme une tâche d’huile, (LUT CGT reçoit des demandes de professeurs, de coiffeurs, d’agents d’accueil, de professionnels de santé, …, autant de métiers pour lesquels le salariat ne se débat pas), le projet de directive, à défaut d’être la panacée, constituait un premier pas dans la direction des intérêts travailleurs, et surtout un coup de semonce signifiant aux crapules en col blanc que désormais la fête est finie.

De « héros de la deuxième ligne » à variable d’ajustement

Coursier Just Eat à Toulouse

Pour ce qui est des coursiers, ceux-là même qui faisaient partie de la « deuxième ligne » en pleine crise sanitaire, permettant aux estomacs des serial bullshit jobbers macronistes, bien planqués en télétravail, de bouffer autre chose que des pâtes aux pâtes et aux restaurants de rester à flot tout en protégeant la population, l’hécatombe est affligeante : Just Eat et ses promesses se sont envolés ; l’ARPE, présentée comme une instance de négociation, est une vaste fumisterie destinée à endormir la galerie et à débiter sa propagande dans les médias ; les « étudiants en STAPS » des débuts de la livraison sont remplacés par des sans papiers toujours plus précaires, toujours plus exploités, et ainsi va le monde du travail en macronie : du passable au médiocre, l’employeur responsable est miné par l’irresponsable, lui-même miné par le pire.

En bout de course, ce sont les ubérises qui trinquent : ceux qui travaillent des heures pour des salaires de misère, développent des troubles musculo squelettiques, n’ont plus de vie sociale, quand ils ne perdent pas tout simplement la vie, envoyés en forçats du bitume sur des zones non adaptées au vélo, et emportés dans un tourbillon de silence et d’indifférence.

A quelques mois à peine des élections européennes, et alors même que le clan Renew et sa ribambelle d'auto proclamés pragmatistes dévertébrés est bien parti pour prendre une déculottée mémorable, les électeurs, parmi lesquels les travailleurs des plateformes, n’auront pas la mémoire courte et sauront qui se soucie d’eux avant de se soucier des rentiers des algorithmes.

Parce qu’au fond, d’Attal à Macron, d’Oudéa Castéra à Vautrin, se faire houspiller à longueur de journée sur la « valeur » travail par ceux-là même qui n’ont jamais transpiré la moindre goutte pour mettre à bouffer sur la table, et pour lesquels les risques d’accident du travail se limitent à un tour de rein au cours d'une partie de golf, renforce plus que jamais notre détermination à les combattre partout, afin qu’ils aillent rejoindre au plus vite la place de choix qui les attend, dans les poubelles de l’histoire.

Utilisation des cookies :

Ce site internet utilise des cookies.
Certains d’entre eux sont essentiels au fonctionnement du site et d’autres nous aident à améliorer votre expérience utilisateur. Vous pouvez décider vous-même si vous autorisez ou non ces cookies.